20.III.20, Fall -> Fall
lever.
Le jour s'est levé. Le champ derrière est plein de rosée blanche, les arbres sont couverts d'argent ; les couleurs sont absentes. Tout est recouvert de nacre. Le soleil va monter, monter et modifier l'angle qu'il donne sur le champ derrière, et la couleur viendra peu à peu. Je commence seulement à prendre la mesure. (Te savoir loin m'inquiète. Je l'ai surtout ressenti hier, quand j'ai compris que j'étais ici, et toi-là-bas.)
Alors travailler, oui. Construire, raconter des histoires. Des récits nouveaux, refondre les récits et en construire de nouveaux ; actualiser et recommencer. Raconter des histoires avec des outils nouveaux pour faire des histoires nouvelles, recommencer.
Echangeons des matières ; fondons-les ici, construisons un fil entre nous ; une histoire ici et pour maintenant. Tenir, nous.
On m'a dit hier que l'eau des canaux, à Venise, était transparente, et que des dauphins nageaient dedans. Je n'arrive pas à me défaire de cette image. Est-ce un moment pour apprendre à nous aimer, à nous lier à ce qui nous compose ?
25/3/20 « Mon jardin est plein de serpents, de treillis, d’indirections. »
Ce n’est pas un temps normal, mais ce n’est pas non plus un temps magique. Ici, tout nous parvient de manière assourdie et légérement en retard ; les émotions aussi. Seules les émotions qui viennent d’ici, localisées, sont très fortes : la venue des oiseaux (des rouge-gorges et des mésanges charbonnières), une belle phrase dans le peu de livres que nous avons, la satisfaction d’un échange avec le voisinage, une bonne trouvaille à l’Intermarché le plus proche, la lumière dans la forêt.
Il y a quelque part une question de mesure ; le mot : « mesure » est important. Mais je ne parviens pas encore à cerner l’intuition.
Juste cette question, il y a quelques jours : Comment faire penser le suspens, sans suspendre le désir ?
P.S. : N’hésite pas si tu veux à mettre en page, ajuster, composer : intervenir sur le hotglue ; avec ma très faible connexion, c’est vraiment pas possible.
P.P.S. : J’aimerais te poster de la musique, pour ce temps et ces mots, mais c’est trop « lourd ». Marrant, non ?
J’ai beaucoup rêvé, ces derniers temps, à des formes simples, en solo ou en duo. Des manières de recommencer le plateau (ou la piste, ou quoi que ce soit !), de le réinvestir d’un sens, le mien/nôtre. Je cherche des idées, des pratiques, des formes qui ouvriraient le chemin.
Tu m’as beaucoup éclairé en disant que tu voulais prendre ce temps pour rebâtir, refonder, re/commencer ; ben, je vais faire de même. Je te le disais, j’ai moi aussi pas mal d’évidence à relire les notes de ce que nous avons construit, au moins comme cadre, ensemble ; et je crois fort à cela. Comment, à partir de là, continuer ? (Comment faire penser le suspens, sans suspendre le désir ?). La base est bonne, il faut maintenant l’agiter, la faire vivre : construire les histoires.
Comment as-tu trouvé Terremer ?
Sédimentations
(J’aimerais que le hotglue s’enfonce peu à peu vers le bas, et que ne surnage que quelques trucs, des bribes, des phrases…)
// J’aimerais travailler, ici, sur le temps. Ici et maintenant, ça paraît naturel et évident ; mais la question remonte à avant, avec l’idée de travailler sur le temps musical, et plus loin encore, la question du temps intime, — de l’âge, du temps de cicatrisation et de soin — ces derniers mois. Le temps est un noeud dans mes/nos réflexions.
Pour l’instant, j’aimerais travailler sur le temps des histoires, à partir peut-être du moment où on raconte des histoires ; avant de dormir, par exemple.
j'ai aimé la douceur de ses magiciens, qui économisent leurs sorts, qui traversent le temps sans se donner inutilement dans le spectaculaire.
j'ai aimé le poids des mots, l'importance de se souvenir d'eux, et cette langue ancienne avec laquelle les humains ne peuvent tricher.
27/28.III.20, Fall <- Fall
autour de minuit.
dear, je n'ai jamais été autant artiste visuel que ces deux derniers jours.
j'ai fabriqué des petites images pour un énième version de mon site internet. j'essaie différemment, recommencer en essayant des angles inexplorés (car des angles refusés)...
je me sens bien, moins en soucis (ayant pris mes distances avec youtube). on va être loin encore pour un bout de temps, m'imaginer prendre un café avec toi en terrasse me paraît maintenant utopique.
Oui ce moment est propice à beaucoup de chose, comme à tisser le hotglue (qui est déjà très beau).
souvenir du contact du papier dans les mains, de la voix qui longe les plis
- textures
transfert par décoction -> montée par capilarité -> retournée pour exposition